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LÉO TAXIL - « Les Amours Secrètes de Pie IX [Tome 2 ] » (1881)

  • Photo du rédacteur: Dorian Brumerive
    Dorian Brumerive
  • 26 juin
  • 23 min de lecture

Dans ce deuxième tome des « Amours Secrètes de Pie IX », Léo Taxil refrène la tension hystérique qui a dominé tout le long du premier tome pour explorer ses personnages avec bien plus de profondeur. Ayant initié un grand nombre d'intrigues, dont certaines laissées en suspens, Léo Taxil semble avoir réalisé qu'il risquait de se perdre dans le labyrinthe inextricable de son récit. Aussi se recentre-t-il sur les différentes maîtresses de Pie IX, et sur leur entourage immédiat, quitte à laisser véritablement en plan ceux dont il avait au prime abord fait des héros "positifs", symboles de la résistance à la tyrannie papale  : le médecin Paolo Serruzzi, ex-fiancé malheureux de Felicità, finalement tombée amoureuse de Pie IX, et Carlo, le fiancé de Clelia, la jeune fille enlevée par Rancolini pour le compte de Pie IX, puis délivrée et envoyée en France grâce à la complicité de Luizza, autre victime de Pie IX, et désormais citoyenne française sous le nom de Mme Darrial, épouse d'un officier qui lui a sauvé la vie, alors qu'elle fuyait, vingt ans plus tôt, les états pontificaux. Fille d'un carbonari, Luizza s'est prise d'une affection profonde pour Clelia, probablement induite par ses instincts, car elle ignore que Clelia est en réalité sa fille, fruit du viol subi dans sa jeunesse par Pie IX. Elle avait abandonné cet enfant peu de temps après sa naissance, l'offrant à un couple de paysans italiens qui l'ont élevée comme leur propre fille, et qui ont ensuite été assassinés, lors de l'enlèvement de Clelia par les sbires de Pie IX. Paolo et Carlo ont réussi à faire passer Clelia en France, mais eux-mêmes ne sont pas tirés d'affaire. Car les deux hommes sont restés en Autriche, et ont fui la peste papale pour tomber dans le choléra impérial : la guerre est en effet déclarée entre l'Autriche et l'Italie, et aux yeux des soldats autrichiens, les deux fuyards ne sont rien d'autre que des espions italiens. Grièvement blessé, Carlo est ramené dans une forteresse autrichienne où le major Brahlhausen, médecin-chef de la forteresse, se livre sur lui à des expériences atroces sur la gangrène. Paolo, qui a investi dans un déguisement et a appris, on ne sait trop comment, que Bralhausen est passionné d'entomologie, parvient à s'attire son amitié et sa confiance, afin de pénétrer en "confrère" dans la forteresse, et parvient au bout de quelques semaines, à s'échapper avec Carlo, plus mort que vif. Conscient de sa terrible responsabilité dans cette évasion, Bralhausen se suicide dans son laboratoire. Paolo et Carlo rentrent alors en France, où de nouvelles aventures les guettent. Mais on ne les retrouvera, tout comme Clelia, que dans le troisième tome des « Amours Secrètes de Pie IX ». Ce deuxième tome se passe en effet presque exclusivement dans la cité du Vatican, alors plus grande qu'elle ne l'est aujourd'hui, et va se concentrer sur trois des principales maîtresses ou ex-maîtresses de Pie IX, en alternant, tout au long de ce livre, les intrigues suivantes : • Tout d'abord, on revient sur le cas passionnant mais délirant de Zhora, la jeune prostituée juive que le cardinal Nicolo Gioranni avait essayé de jeter en pâture à Pie IX, pour lui faire oublier cette Clelia fugitive, dont il ne pouvait accepter l'absence. Récupérée par les Jésuites, elle est hâtivement mariée à Raphaël de Zuccharèse, fils du richissime prince d'Hérici, hostile aux jésuites, afin qu'elle enfante de son mari une postérité qui serait éduquée et conditionnée par les jésuites, lesquels n'auraient plus aucun mal à s'emparer de la fortune d'Hérici. Seulement voilà, Raphaël de Zuccharèse, au départ, voulait se faire moine. Il s'est déjà fait violence en épousant une inconnue. C'est décidément trop lui demander que de l'honorer, et il refuse tout acte de chair. On décide alors de trouver un amant pour Zhora, qui sera en mesure de la féconder sans que pour autant la filiation soit doutuse, et cette recherche occulte arrive aux oreilles du prince d'Hérici, qui sait fort bien que son fils est fou à lier et qui a compris que les jésuites cherchent à l'instrumentaliser. Puisqu'ils veulent un amant pour sa belle-fille, il va le leur fournir, en envoyant son cousin Annibal, un noceur-viveur fort séduisant mais aux poches toujours vides, que le prince paye pour qu'il culbute et engrosse Zhora, non sans clamer partout ironiquement, après cela, que c'est lui qui a fait de Zhora une femme et une mère, afin que Raphaël la répudie ou la tue. Les jésuites facilitent le travail d'Annibal sans imaginer quel loup ils font rentrer dans leur bergerie. Quand celui-ci raconte partout qu'il est l'amant de Mme de Zuccharèze, ils comprennent qu'ils ont été bernés, et se débarrassent d'Annibal en tentant de le tuer en lui jetant une pierre depuis le haut d'un immeuble. Le dandy ne meurt pas, mais son épaule est brisée par la pierre. La Compagnie de Jésus propose alors à Annibal de pourvoir à ses besoins d'handicapé, à conditions qu'il épouse leur cause. Celui-ci révèle qu'il a été commandité par le prince d'Hérici. Les jésuites comprennent d'où vient le danger, et quelques jours plus tard, le prince d'Hérici meurt, victime d'un mystérieux empoisonnement. Antonelli n'avait en effet aucune raison d'épargner le prince : Zhora est bien enceinte, l'enfant sera attribué à Raphaël, et le Gésù a dépêché auprès du palais de Zuccharèse l'un de ses prêtres, le père Vicenti, pour faire en sorte que les rumeurs d'infidélité de Zohra ne parviennent pas aux oreilles de celui qui est désormais prince héritier. Hélas pour eux, un nouvel individu a fait son entrée au palais des Zuccharèse : un moine capucin, Fra Meo, a sympathisé avec Raphaël, et, comprenant à quel esprit malade il a affaire, il a entrepris de détourner le jeune prince des jésuites, pour le ramener dans sa congrégation, installant plusieurs moines capucins dans le palais pour tenir à distance le père Vicenti. Fra Meo est également pris d'une obsession sexuelle pour Zhora, et il est bien décidé à remplacer au lit son incapable de mari, mais le moine est tellement laid et tellement sale que l'ancienne prostituée le repousse avec horreur. Pour se venger, Fra Meo rapporte à Raphaël les rumeurs d'infidélité de son épouse. La colère de Raphaël est très logiquement à l'aune de sa démence : il frappe violemment Zhora à coups de pieds et de poing, la traîne par les cheveux jusqu'à un crucifix au mur pour qu'elle confesse ses pêchés, et commence à ériger un bûcher sur la terrasse du palais pour la brûler vive. Les hurlements de la jeune femme effrayent les passants de la rue en contrebas, lesquels font appeler les sbires pontificaux, tandis que d'autres, les plus costauds, pénètrent à l'intérieur pour sauver la jeune femme en détresse, et se heurtent sans ménagement aux moines capucins. L'arrivée subite des sbires font qu'une bagarre générale et sanglante envahit tout le palais. Le père Vicenti est tué au cours de cette bagarre. Persuadé que son palais est envahi par des démons, Raphaël de Zuccharèze s'échappe par le toit, poursuivi par des sbires armés. Sautant de maison en maison, il arrive cependant à un endroit où il ne peut plus atteindre d'autre toit. Apercevant alors, dans le ciel devant lui, la vision mystique d'un immense Jésus qui lui tend les bras, Raphaël saute vers lui, et s'écrase dans la rue vingt mètres plus bas. Les moines capucins sont arrêtés, alors qu'ils s'apprêtaient à violer collectivement Zhora, et la jeune femme est évacuée dans un état physique et mental inquiétant, qui questionne sur l'avenir de sa grossesse. Mais il faudra être patient : On ne la retrouvera pas avant le tome 3. Tout cette scène hallucinante représente un des sommets de ce roman, non seulement par sa frénésie et son intensité dramatique, mais par la qualité de sa narration, et son sens absolu du suspense. • Autre amante de Pie IX dont il est question dans ce deuxième tome, et la seule qui soit la "régulière" : Léonore de San-Gaëtan, intrigante française flanquée d'un mari tout à fait compréhensif. Apparue à la fin du premier tome, elle aussi est introduite par le cardinal Gioranni auprès de Pie IX, dans le but de lui faire oublier Clelia. Contrairement aux autres passions du pape, Léonore n'est pas une adolescente vierge, mais au contraire une courtisane expérimentée, et qui sait merveilleusement feindre la candeur avec beaucoup de naturel. Son charme agit même sur le cardinal Gioranni, qui regrette bien vite d'avoir présenté Léonore à Pie IX tant il espérait la garder pour lui. Pour ne pas se faire un ennemi de ce précieux allié, Léonore se donne aussi à lui, et en profite pour s'installer, avec son mari, dans une dépendance du cardinal. San-Gaëtan et sa femme sont en réalité des escrocs de très haut vol : les charmes de Léonore sont prétextes à bien des cadeaux, des gratifications et des bijoux qui enrichissent le couple, lequel se livre aussi volontiers au cambriolage. San-Gaëtan est cependant un homme prudent : il sait que la position privilégiée qu'il occupe, tout comme le pouvoir que sa femme exerce sur Pie IX, suscitera bien des jalousies et des haines féroces. Il décide d'assurer ses arrières en incitant Léonore à fouiller les archives pontificales. Elle s'empare d'un document secret et extrêmement dangereux : une lettre rédigée par Pie IX détaillant le projet d'un attentat meurtrier contre l'empereur Napoléon III, jugé trop hostile au Vatican. La révélation d'un tel courrier serait un scandale diplomatique sans précédent. San-Gaëtan se réjouit de disposer d'un document aussi considérable. Pourtant, le danger ne viendra pas de Pie IX, mais du cardinal Nicolo Gioranni. Celui-ci est chaque jour plus désespérément amoureux de Léonore, bien qu'elle le houspille sans ménagement et le traite avec beaucoup de mépris – ou peut-être justement à cause de cela. Dans sa passion naïve, il se dit que si Pie IX se détourne de Léonore, celle-ci passera plus de temps avec lui. Aussi se met-il en quête d'une nouvelle maîtresse pour le pape. • Et ce sera donc la troisième maîtresse de Pie IX, dont il sera question ici. Une jeune cantatrice prodige vient précisément d'arriver au Vatican avec sa troupe pour y chanter un opéra. Rosina Prisci, dite « La Prisci », est en réalité une jeune femme ramassée sur un coin de trottoir par un aventurier anglais véreux et proxénète du nom de Mathews. Bien qu'il ne cherchait à la base qu'une gagneuse, il n'a pas manqué de remarquer le timbre de voix exceptionnel de sa jeune protégée. Il lui a donc payé des cours de chant, et a beaucoup investi pour l'intégrer dans la troupe d'un opéra. Devenue diva au bout de seulement quelques années, il a épousé son petit prodige et gère sa carrière et sa fortune. Pourtant, désormais auréolée de gloire, Rosina aimerait bien se débarrasser de cet encombrant pygmalion. Sur les conseils de Gioranni, Pie IX assiste depuis une loge secrète à la performance de Rosina, et tombe instantanément amoureux de la jeune femme. Les jours suivants, il fait sa connaissance, et lui offre une ravissante parure de diamants en forme de papillon. Rosina devient ce soir là sa maîtresse. Pourtant, Mathews, qui en a vu d'autres, nourrit une féroce jalousie envers Pie IX. Cette relation ne lui plaît pas, et il annonce à Rosina qu'ils vont bientôt repartir. Or, justement, Rosina n'a pas la moindre envie de repartir. Pie IX lui propose de prendre entièrement le contrôle de l'opéra du Vatican, et d'y programmer tout ce qui lui plaira. Alors Rosina, sans rien révéler de son premier métier, dénonce - en l'exagérant - l'emprise tyrannique que son mari exerce sur elle, et l'ordre de départ qu'il lui a donné tantôt. Pie IX sait où est son devoir, il n'a qu'un ordre à donner à ses alliés jésuites, jugeant « La Prisci » fréquentable pour le pape, et le lendemain, Mathews est enlevé par les sbires, est déposé aux « Carcere Novi », où le cardinal Antonelli se charge de l'accuser d'hérésie, et de liens secrets avec un agitateur révolutionnaire. Pour Mathews, c'est le début d'un long calvaire d'enfermements, d’humiliations, de tortures, de pressions psychologiques, destinées à le détruire physiquement et mentalement. L'affaire est toutefois délicate, car Mathews est un citoyen anglais, et il a des amis au Vatican qui ont fini par comprendre où il se trouvait. L'ambassadeur d'Angleterre déboule un jour au Gésu, en ordonnant la libération de son compatriote, mais Antonelli est un interlocuteur habile, prêt à éclabousser n'importe qui avec un scandale inventé sur mesure. L'ambassadeur, instantanément calmé, repart la queue entre les jambes. La cause de Mathews semble définitivement perdue, quand soudain un courrier de Pie IX est porté aux « Carcere Novi » et ordonne la libération immédiate du citoyen britannique. C'est le comte de San-Gaëtan qui vient chercher le prisonnier. C'est aussi lui qui est l'auteur du faux courrier de Pie IX, qu'il a contrefait avec le talent que lui a valu une longue carrière de faussaire. En effet, Léonore de San-Gaëtan, remarquant que Pie IX était moins assidu, et même un peu trop souvent absent, a fait sa petite enquête et n'a pas tardé à identifier sa rivale, tout en désirant cette parure de diamant, qu'elle estime lui revenir de droit. De par son exposition, elle ne peut frapper directement Rosina, mais elle ne tarde pas à s'intéresser à ce mari brutalement disparu. Une fois la certitude qu'il est retenu aux « Carcere Novi  », elle subtilise une lettre en blanc sur le bureau de Pie IX, puis le comte de San-Gaëtan se charge de rédiger l'acte de libération. Ce dernier ramène Mathews dans un appartement secret, et lui révèle que son incarcération a été exigée par Rosina. Mathews s'en doutait bien, mais la confirmation de ses soupçons le plonge dans une rage folle. San-Gaëtan lui remet alors un revolver, de la poudre, des munitions, une petite somme d'argent, et une place pour le prochain opéra où chante Rosina. Mathews, obnubilé par sa soif de vengeance, ne cherche même pas à comprendre le smotivations de cet allié tombé du ciel. Le soir même, alors que l'opéra commence et que Rosina apparaît sur scène, dans une splendide robe blanche, sa parure de diamants brillant de mille feux autour de son cou, Mathews, qui se trouve en face d'elle, se lève soudainement de son siège, et tire sur elle à bout portant. Par miracle, la balle frappe de plein fouet une aile du papillon de diamant et ne pénètre pas dans le corps de la jeune femme. Ceci dit, le choc est violent pour la frêle jeune fille, qui se retrouve projetée au sol, inconsciente. Mathews s'échappe de l'opéra, poursuivi par les sbires. Ceux-ci parviennent à l'acculer dans une petite maison abandonnée, mais bourré de munitions, et décidé à vendre chèrement sa peau, Mathews riposte par des tirs nourris dévastateurs. Finalement une serie de bottes de sarments enflammés, projetées sur les murs et le toit de la petite maison, amène à son effondrement. Mathew est tué net par les rondins et les pierres qui s'abattent sur lui. Pendant ce temps, à l'opéra, une fois le rideau tombé, les autres chanteurs tentent en vain de ranimer Rosina. La violence du tir a plongé la jeune femme dans une tétanie dont rien ne semble pouvoir la faire sortir. Si elle n'est pas morte, la carrière de Rosina Prisci semble néanmoins bien terminée. Discrètement, un émissaire du pape subtilise la parure de diamant, et la restitue à Pie IX. Celui-ci fait réparer le bijou pour qu'il ne subsiste aucune trace de l'impact de la balle, puis soit inconsciemment, soit qu'une partie de lui-même devine confusément l'origine des événements de la soirée, Pie IX offre la parure réparée à Léonore de San-Gaëtan, ravie de ce transfert, mais faisant mine de s'émerveiller comme si elle voyait cette parure pour la première fois. Léonore est trop heureuse d'avoir éliminé sa rivale pour résister à la tentation de s'afficher en permanence avec sa parure. C'est ainsi que le cardinal Gioranni la découvre, alors qu'il lui rend visite, et l'horreur le fige. Il comprend d'où vient la tentative de meurtre contre Rosina Prisci. Il comprend aussi que cette Léonore, dont il est follement épris, est un monstre dénué de pitié, prêt à abattre toute personne se dressant sur son chemin. Et c'est lui, Nicolo Gioranni, qui a fait entrer ce serpent au Vatican... Chassant toute passion de son cœur, Gioranni annonce à Léonore qu'il va raconter toute la vérité à Pie IX, y compris le fait qu'elle a été aussi la maîtresse de Gioranni. Le cardinal commet là une erreur tragique. Sachant qu'elle va être attaquée, Léonore de San-Gaëtan va frapper en premier, et pour cela, elle va faire ce que ses semblables font encore aujourd'hui : accuser d'agression sexuelle l'homme dont elles veulent se débarrasser. Cela tombe d'autant plus mal que Pie IX, face à la tentative de meurtre de Rosina, vit un vrai retour de flammes pour Léonore. Lorsque celle-ci déboule en larmes dans son bureau, racontant que le cardinal Gioranni la harcèle depuis des mois et a tenté aujourd'hui même de la violer, le sang de Pie IX ne fait qu'un tour. Les lois du Vatican ne permettent pas d'envoyer un cardinal aux « Carcere Novi », mais il y a d'autres solutions... • Une heure plus tard, le cardinal Gioranni se voit signifié qu'il a profondément déçu Son Éminence, et qu'il doit méditer pour ses pêchés. À cette fin, Il est sommé de se retirer immédiatement au couvent des Augustins de Rimini, une petite ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Rome, au bord de la mer Adriatique. L'éloignement est conséquent, surtout pour l'époque. Gioranni ne peut ni temporiser, ni contester. L'ordre doit être accompli dans l'heure. Les sbires pontificaux venus transmettre la volonté papale sont prêts à traîner de force le cardinal s'il refuse de s'exécuter. Gioranni cède. Après tout, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même... Quelques mots sur le couvent des Augustins de Rimini : cet édifice existe réellement. C'est un couvent, ou plus exactement un monastère puisqu'il n'accueille que des hommes, accolé à une église remontant au XIIIème siècle. La description très précise qu'en fait Léo Taxil montre qu'il a travaillé à partir de plans et de gravures. Évidemment, pour ce qui suit, on sera bien moins catégorique quant à l'authenticité des propos. Selon l'auteur, donc, le couvent des Augustins est un lieu de recueillement et de méditation particulièrement spartiate, mené d'une main de fer par le cardinal Pascalo, un pédéraste sadique et décomplexé qui prend plaisir à humilier et torturer des jeunes garçons jusqu'à ce qu'ils lui cèdent. En 1881, l'homosexualité était encore un tabou, autant en France qu'en Italie, et on la considérait comme une perversion sexuelle dénaturée, pratiquée par des hommes à la virilité déficiente. Le portrait que trace ici Léo Taxil, s'il se garde bien de présenter les choses autrement, est néanmoins fort original dans le sens où le cardinal Pascalo n'est pas un éphèbe précieux ou efféminé, mais au contraire, un homme d'une grande virilité, brutal, autoritaire et dominateur. Même si l'on trouve quelques figures semblables dans des textes antiques, comme « Le Décameron », il est exceptionnel qu'un personnage homosexuel soit présenté ainsi dans un roman de la Belle-Époque. Il était plus courant de se moquer gentiment des "folles" inoffensives, un cliché qui a longtemps perduré dans le théâtre de boulevard. Ici, on se trouve face à une figure qui surprend par sa modernité, y compris dans sa perversité plus psychologique que physique. Le cardinal Pascalo n'est en effet pas à un violeur sur le plan physique. Il ne contraint pas, il ne force pas, il n'oblige pas. Il exige un rapport homosexuel consenti, volontaire, qui soit un acte d'allégeance et de soumission, obtenu d'un orgueil piétiné, humilié, torturé, prêt à tout pour que son calvaire cesse. On peut bien évidement juger – et on n'aura sans doute pas tort – qu'un tel portrait est plus injurieux, plus malsain, plus écœurant que le cliché exubérant des pièces de boulevard. On ne se prononcera pas sur l'éventuelle pertinence d'un tel portrait, mais on soulignera à quel point, même dans une œuvre aussi sombre et négative que celle-ci, la description d'un personnage homosexuel de ce type était absolument inimaginable, et il est incroyable que Léo Taxil ait pu publier cela avec une telle aisance, une telle décomplexion, une telle profondeur psychologique dans la perversion. Cela étant dit, on l'a vu, ce n'est pas vraiment un personnage sympathique. Léo Taxil se garde d'ailleurs de le pousser dans la caricature : Pascalo est brutal, mais il n'a pas un comportement de brute. Il soigne l'image d'un chef à la voix douce, ferme dans ses décisions, mais les exprimant avec une rhétorique soignée, faussement attentionnée, presque chagrinée de devoir faire tant de mal à quelqu'un qui se refuse, mettant toutes les retenues de ses victimes sur le compte d'un trop grand orgueil, ce qui appelle à la nécessité d'une grande contrition induite par l'humiliation, la douleur, la mortification ou l'enfermement. Le personnage n'en est que plus effrayant, de par tous ces chemins de traverses et ses justifications oiseuses dont il use en permanence et qui lui permettent de légitimer sa frénésie de domination totale. On l'a vu, le cardinal Gioranni est plutôt porté sur les femmes. Il est donc hors de question qu'il partage le lit du cardinal Pascalo, et il le fait bien comprendre. Ah, quel incommensurable orgueil, se lamente le cardinal Pascalo, combien est justifiée la présence de Gioranni en ce saint-lieu où il va pouvoir se ressourcer aux fondements mêmes de la foi. Et Pascalo d'ordonner ensuite à une dizaine de moines de déshabiller entièrement Gioranni, de lui arracher et de déchirer en pièces sa robe de cardinal, et une fois que chacun s'est repu de la vision de la nudité humiliante de Gioranni, on lui tend un haillon gris et sale, pestilentiel : la robe des novices. C'est le début, pour Gioranni, d'une série d'épreuves humiliantes, où on l’oblige à ramper, à nettoyer le sol, à recevoir des coups de fouet, des crachats. Un esprit faible s'effondrerait vite, mais Gioranni n'est pas un novice ni un éphèbe, il garde sa morgue, continue de regarder avec dédain et mépris ceux qui tentent de le briser, même après plusieurs mois de sévices ininterrompus. Le cardinal Pascalo doit admettre son échec : Gioranni est trop contaminé par Satan pour qu'on le ramène dans le droit chemin de la sodomie chrétienne. Aussi, avec beaucoup de tristesse, Pascalo ordonne que Gioranni soit emmuré vivant, dernière chance pour lui de se réconcilier avec Jésus. Le cardinal a fait creuser dans le sol quelques pièces en dénivelé, que l'on ferme définitivement avec de la maçonnerie. On a d'ailleurs rouvert l'une de ces tombes améliorées pour y loger le cardinal déchu, et on la referme au ciment derrière lui. Nicolo Gioranni se re trouve alors en tête à tête avec un squelette desséché, abandonné là. Après quelques minutes de désespoir, il examine le squelette et découvre que celui-ci tient dans l'une de ses mains un couteau de fort belle taille. Le condamné avait sans doute réussi à dissimuler cette arme à ses geôliers, et s'en est servie pour mettre fin à ses jours. Gioranni lui en sait gré, car il pourra toujours échapper ainsi lui-même à sa longue agonie. Néanmoins, il remarque sur l'une des parois de son caveau un orifice servant à l'aération, par lequel passe non seulement de l'air mais une faible luminosité, laissant supposer qu'il y a une issue au-delà de ce mur. Aussitôt, le prisonnier se met à creuser autour de cette cavité avec le couteau. Il lui faut bien deux jours de travail intensif pour parvenir à enfoncer le mur, mais il est aidé en cela par l'ancienneté de la pierre et l'humidité du sol où elle est enfouie. Le mur finit donc par s'effondrer, et Gioranni débouche dans une autre cellule souterraine, occupée par un tout jeune homme, Leone. C'est le fils d'un marin pêcheur des environs qui a souhaité entrer dans la prêtrise, et qui a subi les premiers harcèlements du cardinal Pascalo. Révolté par les goûts contre-nature de son supérieur, Leone s'y refuse catégoriquement, ce qui lui a valu d'être lui aussi jeté dans une cellule. Mais comme Pascalo n'a pas totalement perdu l'espoir de le faire céder, Leone est enfermé dans une cellule voisine mais différente de la "tombe" réservée à Gioranni : il y a en effet un soupirail par lequel un prêtre se glisse pour nourrir Leone à heures fixes. Gioranni n'a donc qu'à guetter le prêtre geôlier au moment où il ouvre la porte de la cellule. Il jaillit du soupirail comme un diable, et enfonce son couteau en plein cœur du prêtre. Rapidement, Gioranni et Leone se répandent dans les couloirs du monastère, en cherchant la sortie. Affamé, Gioranni ouvre quelques placards dans la cuisine pour emporter des vivres. Il tombe sur une armoire d'herboristerie où un flacon d'essence de belladone attire son regard. Il s'en empare farouchement. La Belladone est une plante herbacée parmi les plus toxiques. Elle est très répandue en Italie, où elle servit évidemment de poison, mais aussi de cosmétique, particulièrement à Venise : son essence avait comme propriété de blanchir la peau. Une petite goutte dans les yeux permettait également de diluer la pupille et de donner des « yeux de biche » fort appréciés chez les coquettes au XVIIème siècle. C'est d'ailleurs parce qu'elle était principalement utilisée par des jolies femmes que cette plante fut baptisée « belladone ». Gioranni finit par identifier un chemin qui mène à la sortie et qui passe par la cuisine du monastère. Il y croise un frère augustin chargé du service et qui, heureusement, ne connaît pas personnellement Gioranni. Ce dernier n'a aucun mal à le convaincre qu'il est chargé par le cardinal Pascalo de ramener le jeune Leone à sa famille, et exprime donc le souhait qu'on lui ouvre le portail d'entrée. Le frère augustin maugrée un peu car, désignant un plateau où repose une bouteille de vin ouverte et quelques verres, il est chargé de monter d'urgence ce vin dans la chambre privée du cardinal, où il se repose avec des amis, mais bon, il accepte tout de même d'ouvrir le portail du monastère. Pendant qu'il est occupé à chercher ses clefs, Gioranni, subrepticement, vide le flacon de belladone dans le vin destiné au cardinal. Puis il sort avec Leone. Un quart d'heure plus tard, le cardinal Pascalo et quatre de ses confrères roulent au sol en hurlant de douleur, avant d'expirer dans une atroce agonie. Cette incompréhensible tragédie empêche, dans un premier temps, les autres frères augustins de s'apercevoir de l'évasion des deux prisonniers, lesquels acquièrent ainsi une confortable avance. Gioranni, n'ayant nulle part où aller, passe la nuit dans la famille de Leone. Le lendemain, le frère de Saverio propose à Gioranni d'embarquer sur sa tartane pour Naples, où Leone et lui vont se réfugier pour échapper aux zouaves pontificaux. Gioranni accepte volontiers, et les trois hommes prennent la mer pour une très longue traversée, car si Rimini est située au nord de l'Italie, sur la côte est, Naples est au sud, sur la côte ouest. Le tartane est donc obligé de faire tout le tour de la "botte" par la mer Adriatique avant de remonter par la Méditerranée, ce qui leur prend plusieurs semaines. Mais ainsi, ils sont assurés de dépister leurs poursuivants. Qui plus est, Naples est pour eux un asile assez sûr, puisque la ville se situe en dehors des états pontificaux. C'est donc là que les trois fugitifs se séparent, Gioranni décidant de suivre son propre chemin, même s'il ne sait pas encore où il le mènera. En effet, bien qu'il soit libre et en vie, la situation de Nicolo Gioranni n'est guère brillante : c'est un assassin, recherché par la justice; il n'a pas d'argent, même s'il peut toujours utiliser sa robe d'augustin novice pour demander la charité, puisqu'il s'agit d'un ordre mendiant; il n'est évidemment plus cardinal, et ne peut compter sur personne. C'est alors qu'il se remémore son enfance : Nicolo Gioranni est né de père inconnu et sa mère a disparu alors qu'il n'était alors qu'un enfant. Son éducation avait été prise en charge par le Vatican, lequel, bien entendu, l'a destiné à la vocation ecclésiastique.Néanmoins dans ses plus anciens souvenirs, il se rappelle d'un homme qui était souvent présent aux côtés de sa mère, et qui, bien que n'étant pas son père, s'était un minimum comporté comme tel, et dont il avait tardivement appris le nom : le prince de Camerastro. Gioranni ne s'en est guère préoccupé, très investi dans sa carrière ecclésiastique, mais il se souvient que ce prince de Camerastro habite Naples à présent. Il décide donc de lui rendre visite, et de s'identifier devant lui, en espérant pouvoir lui faire confiance. Le prince de Camerastro est aujourd'hui un vieillard aux portes de la mort, mais il reçoit Gioranni avec émotion et courtoisie. Il va alors longuement lui raconter son histoire. Trente ans plus tôt, Camerastro vivait à Spolète. Il était un ami d'enfance de Giovanni-Maria Mastaï, le futur Pie IX, alors simple évêque local, et il le recevait souvent chez lui en compagnie de son épouse Theresita. Mastaï ne tarda pas à séduire la femme de son hôte, mais il fit plus que la séduire, il la pervertit moralement, lui donna le goût de l'argent, et la poussa dans les voies de la prostitution ecclésiastique, jusqu'à ce que Theresita ne soit plus en mesure de supporter sa vie morne avec son mari. Elle le quitta, et quelques mois plus tard se retrouva enceinte. De qui ? Là était la question, bien que Theresita soit certaine que c'était de Mastaï. Camerastro la veilla avant et après l'accouchement, mais il refusa de prendre en charge le jeune Nicolo, vu qu'il n'était probablement pas son fils. Mastaï, sans aller jusqu'à le reconnaître, se désigna comme son tuteur au nom du Vatican, mais comme Theresita exigeait sa place aux côtés de Mastaï, celui-ci la fit assassiner. Sa fortune fut saisie, soi-disant afin d'assurer l'éducation du petit Nicolo, mais Mastaï la fit transférer sur son compte bancaire propre. Camerastro fit une enquête, et parvint à obtenir une preuve bancaire du transfert illégal, et il monta un dossier pour se pouvoir en justice. Mais on le surveillait : il fut immédiatement arrêté, et envoyé dans un bagne, dont on espérait qu'il n'en reviendrait pas. Il en revint néanmoins vivant, et récupéra le dossier secret qu'il avait soigneusement caché, et qu'il garda chez lui en espérant qu'un jour, Nicolo Gioranni, le fils adultérin de sa malheureuse épouse, reviendrait le chercher pour exiger l'héritage auquel il a droit. Ce jour étant arrivé, Camerastro remet le dossier à Gioranni, en lui souhaitant bonne chance. Le cardinal repart un peu sonné d'avoir appris que son père était Pie IX, l'homme auquel il doit sa déchéance, l'homme avec lequel il a partagé l'amour pervers de la comtesse de San-Gaëtan, l'homme qu'il doit tenter de détruire s'il veut récupérer son héritage et sortir de la misère à laquelle il est désormais cantonné. Nicolo Gioranni prend donc le chemin de Rome, mais s'arrête un peu avant, à Albano Laziale, petite bourgade métropolitaine où vit l'un de ses anciens hommes de confiance, le vieux Pulpi, retraité depuis quelques années. Il demande à celui-ci de le cacher, le temps qu'il prépare le scandale qui doit éclabousser Pie IX. Le soir, Gioranni se couche paisiblement dans la chambre d'ami, mais lorsqu'il se lève le lendemain matin, Pulpi n'est plus dans la maison. En revanche, Antonelli et une dizaine de sbires l'attendent dans la salle à manger. Alors qu'il pense qu'on va l'arrêter et le faire disparaître, Gioranni est surpris du ton très amical avec lequel Antonelli s'adresse à lui. En effet, il ne tiendrait qu'à ce cardinal que Gioranni soit expédié aux « Carcere Novi », mais outre qu'Antonelli, à titre personnel, est plutôt content d'être débarrassé du pervers cardinal Pascalo, la Compagnie de Jésus sait tout, absolument tout, sur le secret de naissance de Gioranni, et souhaite entrer en possession du dossier que Gioranni ramène avec lui. En échange, la Compagnie ne demande à Gioranni que deux choses : de devenir lui-même jésuite et donc de jurer obéissance à la secte, puis d'aller se rendre à Pie IX, si possible publiquement. Antonelli s'engage à protéger la vie de Gioranni, quoi qu'il en coûte et de le délivrer rapidement. Nicolo Gioranni, par ailleurs, n'a pas tellement le choix. S'il refuse, ce sera les « Carcere Novi ». Il accepte donc, et quelques jours plus tard, profitant d'une parade dans Rome, où le pape parcourt les rues en saluant ses concitoyens, entouré de ses principaux cardinaux et de ses sbires, Nicolo Gioranni se détache de la foule et s’agenouille humblement aux pieds du Saint-Père. Pie IX est suffoqué par l'audace de ce cardinal déchu, et le fait arrêter par ses sbires. Aussitôt rentré au Vatican, Pie IX s'attable à son bureau et commence à rédiger un ordre d'expédition de Gioranni aux « Carcere Novi ». Mais à peine en a-t-il rédigé les premiers mots que le cardinal Antonelli se fait annoncer et, entrant comme s'il était chez lui, annonce à Pie IX que Gioranni est désormais sous la seule autorité du Gésù. Le pape blanc et le pape noir s'affrontent un instant du regard, et Pie IX ressent alors, pour la première fois, la douloureuse certitude qu'il n'est pas aussi puissant qu'il le croit... • Enfin, cette deuxième partie s'achève sur l'enquête diligente menée par le cardinal Rancolini à Paris, en France, où se déroulera une grande partie du troisième tome. Officiellement, Rancolini est à la recherche de Clelia, mais sitôt qu'il apprend la disgrâce de Gioranni par Pie IX, et qu'il comprend de qui vient le coup, Racolini se sent comme un homme à côté duquel la foudre vient de tomber. Cette comtesse de San-Gaëtan l'intrigue et l'inquiète, et comme elle est parisienne, pourquoi ne pas profiter de sa présence en France pour chercher des informations sur elle ? En s'appuyant sur une agence catholique de placement de domestiques, lesquels sont formés pour être de véritables espions, Rancolini parvient à apprendre qu'il n'existe en France aucune grande famille du nom de San-Gaëtan, et que la comtesse Léonore n'est en fait qu'une intrigante des bas-quartiers, nommée Adèle Verrat, et qui forme avec son compagnon, dont le vrai nom est Ridegang, un couple d'escrocs internationaux particulièrement efficaces et redoutables, que nul n'a jamais pu arrêter. Rancolini rencontre même Marthe Verrat, la mère de la supposée comtesse Léonore, en froid avec sa fille, est qui est elle-même une ancienne catin qui s'entendait, dans sa jeunesse, à extirper des fortunes colossales à des jeunes gens bien nés, sur lesquels elle exerçait un pouvoir érotique absolu. Pas de doute, la future comtesse de San-Gaëtan a été à bonne école... Rancoloni comprend alors qu'à cause de ce couple diabolique installé au Vatican, Pie IX court en permanence un grave danger, un danger qui pourrait même mettre en péril le pouvoir tout entier de la chrétienté en Italie... Avec ce deuxième tome grandement copieux mais plus ordonné, Léo Taxil s'éloigne quelque peu de la diffamation perfide pour entraîner son lecteur dans un récit palpitant et particulièrement retors. Sur le plan politique, Léo Taxil fait ici clairement un portrait à charge étonnamment documenté des jésuites et de leurs méthodes mafieuses, s'inscrivant ainsi dans la continuité d'Eugène Sue, et de son roman « Le Juif Errant ». Évidemment, c'est très excessif - tout est toujours très excessif sous la plume de Léo Taxil -, mais l'auteur a le mérite de pointer du doigt les dérives possibles d'une idéologie religieuse qui était alors très invasive en France avant que la laïcité ne soit proclamée. Léo Taxil s'est probablement aussi inspiré des débuts de la mafia sicilienne, apparue vers 1861, et qui commençait à se répandre dans le reste de l'Italie à peu près à l'époque où ce roman fut écrit. Cette deuxième partie est aussi remarquable par ses scènes d'actions, qui semblent encore très modernes : la démence finale de Raphaël de Zuccherèze, l'attentat contre Rosina Prisci et la traque envers son mari, l'aventure extraordinaire du cardinal Gioranni sont des grands moments de ce récit. Même dans le registre feuilletonnesque, c'est aussi original que percutant. Et surtout, cela donne toute l'étendue du mérite de Léo Taxil qui a su faire évoluer son récit de manière à le faire varier au fil des semaines, pour l'amener de plus en plus loin du simple roman anticlérical de départ. La double influence d'Alexandre Dumas et d'Eugène Sue est toujours aussi tangible, et se révèle un cocktail à la fois explosif et enivrant. Flirtant allègrement entre le roman historique, le récit policier et l'espionnage avant l'heure, ce deuxième tome est une pure merveille, qui fait honneur à cette forme injustement oubliée de littérature populaire. Le lecteur est emporté, ballotté, culbuté, dans ce récit comme le serait une faible embarcation à travers des rapides, mais néanmoins, arrivé au terme de cette deuxième partie, il en redemande, encore et encore... Heureusement d'ailleurs, car aussi incroyable que cela paraisse, nous n'en sommes encore qu'à la moitié du chemin. Les 3 autres tomes : ~ Tome 1 : https://www.mortefontaine.org/post/l%C3%A9o-taxil-les-amours-secr%C3%A8tes-de-pie-ix-tome-1-1881 ~ Tome 3 : à venir. ~ Tome 4 : à venir. Ci-dessous, 30 gravures tirées de ce premier tome, et colorisées à l'aide de l'application Palette :


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